Lancement du projet HABISSE au Parc marin des estuaires picards et de la mer d’Opale
Après plusieurs mois de montage, les premiers prélèvements biosédimentaires du projet sur les habitats benthiques intertidaux sensibles, HABISSE, du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale ont eu lieu en septembre-octobre. HABISSE doit permettre d’améliorer les connaissances sur les habitats sédimentaires intertidaux, sableux et vaseux (1130-1, 1140 et 1110-1 dans les chenaux) et de favoriser une gestion durable des espaces intertidaux. Elaboré par le Parc avec le soutien technique et financier du Life Marha (action d'évaluation et de conservation des habitats marins) ce projet durera 2 ans. Sa réalisation est confiée au bureau d’étude CREOCEAN, en partenariat avec le groupe d'étude des milieux estuariens et littoraux (GEMEL) et le Laboratoire d’océanologie et de géosciences (UMR CNRS / Université de Lille / Université du Littoral Côte d'Opale).
Crédit : Camille Dégardin / Office français de la Biodiversité
Le littoral du Parc naturel marin des estuaires picards et de la Mer d’Opale s’étend sur 118km. S’y succède de vastes plages sableuses entrecoupées d’estuaires : la Slack, le Wimereux, la Liane, la Canche, l’Authie, la Somme et la Bresle. Chaque jour, les immenses espaces intertidaux sableux et vaseux qui caractérisent le Parc et constituent le lien entre la terre et la mer, se couvrent et se découvrent au rythme des marées.
Loin d’être des milieux sans vie, le sable et les vasières des estuaires hébergent nombre d’invertébrés vivants enfouis dans le sédiment : vers polychètes, mollusques bivalves, petits crustacés, etc. Ces organismes jouent un rôle fondamental dans les chaînes alimentaires, nourrissant de nombreuses espèces d’oiseaux et de poissons patrimoniaux.
Si le littoral du Parc joue ainsi un rôle important dans le cycle de vie de nombreuses espèces marines et estuariennes, il se révèle également très attractif pour l’Homme. Des activités denses et variées s’y déroulent ainsi : pêche à pied professionnelle et de loisir, mytiliculture, pratiques sportives et récréatives (char à voile, course à pied, randonnées), manifestations culturelles, ou encore aménagements maritimes (rechargements de plage, enrochements, digues etc.). Enfin le milieu marin constitue également le réceptacle final des flux de pollutions issus des bassins versants, notamment la contamination chimique.
Ces nombreuses activités anthropiques sont susceptibles de générer des impacts sur l’état de conservation des habitats pour lesquels le Parc a une responsabilité de préservation. A ce titre, l’atteinte du bon état écologique des habitats sédimentaires intertidaux, sableux et vaseux, est au cœur des enjeux du territoire du Parc.
Afin d’améliorer les connaissances sur ces habitats (1130-1, 1140 et 1110-1 dans les chenaux) et de favoriser une gestion durable des espaces intertidaux, le Parc a lancé à l’automne 2020, et pour une durée de deux ans, le projet HABISSE. Il vise en premier lieu à produire une cartographie détaillée de ces habitats sur l’ensemble du territoire du Parc naturel marin (14 000ha), dans les trois typologies actuellement en vigueur (Natura 2000, EUNIS et Nationale ATL-MMN V3). Il s’agira également de déterminer les surfaces occupées par ces différents habitats.
Pour ce faire, seront employés les protocoles d’échantillonnage standardisés dans le cadre de la Directive Cadre sur l’Eau (DCE) au niveau de 250 stations réparties le long des plages et estuaires du Parc. Les prélèvements de sédiment, à pied à l’aide d’un carottier PVC et à la benne depuis un navire, fourniront pour chaque station des informations sur la nature granulométrique, la composition des communautés macrobenthiques (liste d’espèces, biomasses) et le taux de matière organique.
Stratégie d’échantillonnage à l’échelle du Parc
En parallèle de l’étude des communautés benthiques, un état des lieux de la contamination chimique (métaux lourds, hydrocarbures, pesticides, etc.) sera réalisé dans ces habitats. Sera ainsi analysée la pression de contamination et ses impacts potentiels sur les communautés benthiques. Pour ce faire, seront employé les protocoles d’échantillonnage standardisés dans le cadre de la DCE, de la Directive Cadre Stratégie sur le Milieu Marin (DCSMM) utilisés dans le cadre du réseau de suivi ROCHHSED au niveau de 30 stations réparties le long des plages et estuaires du Parc.
L’ensemble des données seront bancarisées dans la base Quadrige² et serviront à des travaux ultérieurs portants sur le calcul d’indicateurs de la qualité du milieu et l’évaluation de l’état de conservation de ces habitats. Il s’agira également de mettre en place une stratégie de suivi pérenne pour ces habitats meubles intertidaux.
Les résultats de cette étude appuieront la révision de l’Annexe Natura 2000 au plan de gestion du Parc, la mise en place des Analyses Risques Pêche (ARP), et serviront à orienter les choix de gestion du Parc.
Les premiers prélèvements biosédimentaires ont eu lieu en septembre et octobre, sur 8 journées de terrain. L’équipe du GEMEL a ainsi échantillonné les 42 stations en fond de la Baie de Somme, dans la masse d’eau de transition FRAT01. Parmi ces 42 stations, 40 ont été prélevées à pied à l’aide d’un carottier DCE. Pour les deux restantes, situées dans le chenal de l’estuaire, une benne Ekman a été employée depuis un zodiac.
La campagne de terrain se poursuivra début 2021, puis début 2022, afin de couvrir le reste du littoral du Parc. Sera notamment mobilisé le navire Celtic Warrior (15 m) de la société STO Logistique afin d’échantillonner à marée haute les stations les plus difficiles d’accès, à l’aide d’une benne Van Veen.
Contacts pour plus d'infos :
fabien.roux@ofb.gouv.fr
camille.gilliers@ofb.gouv.fr